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Les livres de Goéwin

« L'espérance est un risque à courir — Sur les traces des résistants chrétiens 1939-1945 » de Jérôme Cordelier — Calmann Lévy

Résumé :

Jérôme Cordelier est parti à la rencontre de ces chrétiens, catholiques, protestants, orthodoxes qui résistèrent aux nazis et dont les rôles sont de nos jours minimisés.
On a souvent souligné les compromissions avec Pétain et le régime de Vichy des chefs des Églises, à raison, mais sans se souvenir que plusieurs d’entre eux furent aussi reconnus Justes pour avoir sauvé des juifs. On a oublié, surtout, que de nombreux prêtres, pasteurs, religieux, religieuses et une multitude de simples croyants furent parmi les premiers à se dresser contre l’occupant. Certains ont agi sur le devant de l’Histoire – de Gaulle et Leclerc, au premier chef –, la plupart dans un secret absolu.
De la Corrèze jusqu’à Yad Vashem à Jérusalem, cette enquête de terrain, très documentée et nourrie des confidences de survivants, met l’accent sur ces femmes et ces hommes qui se sont engagés, parfois sacrifiés, pour la liberté, leur patrie mais aussi avec la haute idée qu’ils se font de l’humanité. Au nom d’un idéal qui guidait leur vie, ils se sont battus pour que leurs contemporains vivent la leur. Ils n’ont pas toujours combattu au nom de leur foi, mais celle-ci les a pétris, a été constitutive de leur vision du monde et les a soutenus à travers les épreuves. Ces grands témoins peuvent éclairer de leur halo de lumière nos chemins cabossés.

Chronique : ♥ ♥ ♥ ♥ ♥

Passionnant et instructif : des témoignages lumineux porteurs d’espérance !

Tout d’abord je remercie Nicolas Hecht de Babelio Masse Critique ainsi que les Éditions Calmann-Lévy pour leur confiance et l’envoi de ce service presse.

Quand on se penche sur la Résistance et le rôle de l’Église durant l’Occupation, on a tendance à se souvenir surtout de la neutralité du Pape Pie XII qui a veillé à conserver des liens diplomatiques avec tous les régimes, y compris celui des nazis, dans le souci de préserver l’Église allemande et par crainte d’aggraver la situation des catholiques dans tous les pays occupés. Mis au courant des camps de concentration, il condamne les actes mais sans nommer les victimes et les coupables. Il refuse de prendre parti comme en témoigne cette phrase : « Nous laissons aux pasteurs en fonction sur place le soin d'apprécier si, et dans quelle mesure, le danger de représailles et de pressions, comme d'autres circonstances dues à la longueur et à la psychologie de la guerre, conseillent la réserve — malgré les raisons d'intervention — afin d'éviter des maux plus grands. C'est l'un des motifs pour lesquels nous nous sommes imposé des limites dans nos déclarations. » Néanmoins, dans l’ombre, il fait tout son possible pour protéger les Juifs d’Italie et grâce à son action discrète, une rafle sera suspendue et 4 000 Juifs de Rome trouveront asile dans des couvents et collèges catholiques. Ou encore on se rappelle que la grande majorité des évêques français a soutenu le régime de Vichy. Même si là encore, certains, tout en encensant le maréchal Pétain, protégeaient leurs prêtres et religieux actifs dans la Résistance.

Mais en se focalisant sur le Haut Clergé, on fait l’impasse sur la multitude de prêtres, religieux et religieuses, simples croyants, catholiques, protestants, orthodoxes, qui ont tout risqué pour s’opposer à l’Occupant, protéger et cacher des familles et des enfants juifs, organiser des filières d’évasion, faire passer des messages… Et cela était d’autant plus difficile que Vatican II n’était pas encore passé par là. L’obéissance aux supérieurs était la règle. Quant aux femmes, elles n’avaient pas encore obtenu le droit de vote et dépendaient entièrement d’un père, d’un frère, d’un mari. Même si la foi n’est pas forcément le motif premier de leur engagement, elle fait partie de ces hommes et de ces femmes et elle est indissociable de leur action, de leur idéal de liberté, de leur conception de l’humain.

J’ai énormément apprécié « L’espérance est un risque à courir ». Jérôme Cordelier a effectué un énorme travail de recherche et il fait revivre pour nous ces témoins courageux autant que modestes. J’ai été frappée  par leur simplicité et leur humilité. Dans leur esprit, ils n’ont rien fait d’extraordinaire et ont souvent gardé le secret sur leur engagement. Cette parole de saint François de Sales leur convient tout particulièrement : « le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit ». D’ailleurs, à part quelques exceptions, comme le général de Gaulle ou le maréchal Leclerc (de son vrai nom Philippe de Hauteclocque) qui ont occupé le devant de la scène, le père Jacques de Jésus qui est connu du grand public grâce au film « Au-revoir les enfants », le père Maximilien Kolbe canonisé par Jean-Paul II en 1982 ou le père Franz Stock qui accompagna des centaines de prisonniers sur le lieu de leur exécution, la plupart sont très peu connus, voire pas du tout. Même si plusieurs d’entre eux ont été déclarés « Justes parmi les nations » et ont vu leur nom inscrit au mémorial de Yad Vashem.

Au fil des pages, Jérôme Cordelier nous partage ses rencontres avec les témoins encore en vie ainsi que les fruits de ses recherches. Il nous dresse le portrait de ces hommes et de ces femmes discrets qui se sont dressés contre la barbarie. Même s’ils n’en avaient pas forcément conscience, l’espérance était leur moteur. Cette petite fille espérance que Charles Péguy décrit dans « Le porche de la deuxième vertu » : « L'Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n'est pas encore et qui sera dans le futur du temps et de l'éternité. » Et je terminerai par ces phrases de Georges Bernanos dans sa conférence de 1945 qui est trop belle et que je citerai donc intégralement : « Qui n’a pas vu la route, à l’aube entre deux rangées d’arbres, toute fraîche, toute vivante, ne sait pas ce que c’est que l’espérance. L’espérance est une détermination héroïque de l’âme, et sa plus haute forme est le désespoir surmonté.
On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’espérance. L’espérance est un risque à courir, c’est même le risque des risques. L’espérance est la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme…

On ne va jusqu’à l’espérance qu’à travers la vérité, au prix de grands efforts. Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore. Le démon de notre cœur s’appelle « À quoi bon ! ». L’enfer, c’est de ne plus aimer. Les optimistes sont des imbéciles heureux, quant aux pessimistes, ce sont des imbéciles malheureux. On ne saurait expliquer les êtres par leurs vices, mais au contraire par ce qu’ils ont gardé d’intact, de pur, par ce qui reste en eux de l’enfance, si profond qu’il faille chercher. Qui ne défend la liberté de penser que pour soi-même est déjà disposé à la trahir.

Si l’homme ne pouvait se réaliser qu’en Dieu ? si l’opération délicate de l’amputer de sa part divine – ou du moins d’atrophier systématiquement cette part jusqu’à ce qu’elle tombe desséchée comme un organe où le sang ne circule plus – aboutissait à faire de lui un animal féroce ? ou pis peut-être, une bête à jamais domestiquée ? Il n’y a qu’un sûr moyen de connaître, c’est d’aimer.

Le grand malheur de cette société moderne, sa malédiction, c’est qu’elle s’organise visiblement pour se passer d’espérance comme d’amour ; elle s’imagine y suppléer par la technique, elle attend que ses économistes et ses législateurs lui apportent la double formule d’une justice sans amour et d’une sécurité sans espérance. »

Il y aurait encore beaucoup à dire, tout particulièrement sur ces magnifiques témoins méconnus de la résistance, mais j’espère vous avoir donné envie de les découvrir par vous-même en lisant « L’espérance est un risque à courir ».

Les informations utiles

Parution : 14 avril 2021

Versions : numérique & broché

Pages : 292

Prix version numérique : 12,99 €

Prix version broché : 18,50 €

Les liens d’achat

Amazon Kindle : https://www.amazon.fr/dp/B08ZYQFYL5/ref=dp-kindle-redirect?_encoding=UTF8&btkr=1

Amazon broché :https://www.amazon.fr/Lesp%C3%A9rance-est-risque-courir-r%C3%A9sistants/dp/270216675X/ref=tmm_pap_swatch_0?_encoding=UTF8&qid=&sr=

Kobo : https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/l-esperance-est-un-risque-a-courir

Éditeur : https://calmann-levy.fr/livre/lesperance-est-un-risque-courir-9782702166758

 

N'hésitez pas à cliquer sur les images afin d'être redirigés sur le site et découvrir les textes qui les accompagnent.

Edmond Michelet

 

Germain Auboiroux

 

https://avantlapree.hypotheses.org/17525
Capitaine de cavalerie Guillaume d'Ussel

 

Pie XII

 

L'appel du Pasteur Boegner en faveur des Juifs en 1942

 

Pasteur Aimé Bonifas

 

Mgr Jules-Géraud Saliège

 

Odile de Vasselot de Régné

 

https://www.cairn.info/revue-archives-juives1-2007-1-page-100.htm

 

Père Maximilien Kolbe

 

Abbé Roger Derry

 

Père Pierre Bockel

 

Abbé Charles Prévost

 

Pasteur Laurent Olivès

 

Abbé Paul Parguel

 

Paul Petit

 

Georges Bernanos

 

Hans et Sophie Scholl

 

Henri Fertet

 

Berty Albrecht

 

Anatole Lewitsky

 

Alice Ferrières

 

Jacques Renouvin

 

Germaine Ribière

 

Jacqueline Fleury-Marié

 

Les Rochambelles : De gauche à droite, en haut: Edith Vézy, Michette Duhamel, Zizon Sicot, Danielle Heintz, Christiane Petit. En bas: Lucie Delplancke, Arlette d'Hautefeuille, Suzanne Torrès, Nicole Mangini

 

Marie-Rose Gineste

 

Mère Marie Skobtsova

 

Sœur Jeanne Chérer

 

Madeleine Barot

 

Maître Charles Bedos

 

Alix Bedos

 

Marietta Martin

 

Véra Obolensky

 

Hélène Roederer

 

Mère Elisabeth de l'Eucharistie

 

Geneviève de Gaulle-Anthonioz

 

Charles de Gaulle

 

Philippe Leclerc de Hautecloque

 

 

Franz Stock Le séminaire des barbelés

 

Yad Vashem

 

Yad Vashem Le Jardin des Justes

 

Charles Péguy

 

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